Au sujet de nos Assises
Quelles études pour toujours moins de personnel:
Et qu’en est-il de la théologie: où se retrouve-t-elle entre Eglise et Académie?
Hansjakob Schibler
Ce que la Société Pastorale Suisse envisage par ses Assises «Malaise à l’Université?» est devenu urgent. Si des étudiant-e-s en théologie qui se trouvent en la seule possession d’un diplôme de bachelor peuvent devenir des engagé-e-s d’une Eglise, cela pose problème. La question provoquant la possible réforme des études (bien après l’introduction antérieure de Quest et Ithaka), le nombre toujours plus maigre des personnes participant à la vie de l’Eglise et la pénurie pastorale, peut encore passer pour une opportunité à saisir. C’est peut-être la dernière fois que les Eglises au statut officiel se retrouvent avec les Facultés - toujours encore existantes en bonne partie - pour débattre et, espérons, résoudre une situation critique. Les discussions portant sur cette possible réforme s’orientent jusqu’ici vers les besoins des futurs collaborateurs et collaboratrices des Eglises, pour savoir ce qu’elles et eux souhaitent individuellement. La passion pour l’étude et le savoir n’est en tout cas pas au centre des préoccupations.
Ce qui reste à l’Université
Si nous posons la question - «Que reste-t-il à l’Université?» - c’est évidemment une provocation. Surtout pour quelqu’un comme moi qui ai connu l’importance de la théologie peu après la 2ème guerre mondiale. Je n’étais certainement pas le seul à entreprendre des études de théologie avant tout par intérêt pour la théologie en tant que discipline scientifique et non seulement pour devenir pasteur. Au départ je ne me demandais même pas si je deviendrais pasteur. Aujourd’hui, il se peut que les choses se passent tout différemment. On trouve surtout des intéressé-e-s à une formation théologique qui peut offrir un engagement payé pour représenter la foi vécue, donnant aussi la possibilité d’acquérir les capacités encore indispensables en cours d’emploi. On sait d’ailleurs que dans d’autres champs professionnels, ce chemin est souvent couronné de succès. Or, en ce qui concerne la théologie et le ministère pastoral, il y a bien des questions ouvertes qui devraient être débattues avec rigueur entre tous les acteurs et d’éventuelles conclusions devraient être communiquées de façon transparente. Il est possible qu’initialement l’intervention de la SPS dans cette problématique ait pu être dérangeante, mais entre-temps, nous avons appris que la partie universitaire salue notre intervention, ainsi que notre initiative d’organiser des assises ayant trait à cette thématique. En effet, même si la pratique ecclésiale est particulièrement à même d’identifier les aspects théologiques qui sont incontournables aujourd’hui, cependant, la théologie académique reste très demandée. Or, sans études, sans recherches et leur accompagnement, rien de sérieux ne pourra advenir!
Résignation?
On peut reprocher une certaine résignation au titre de nos Assises. On peut même nous dire que nous le faisons avec l’intention d’attirer des participant-e-s. En effet, nous souhaitons une participation importante!
Celui ou celle qui veut bien étudier le programme avec attention constatera que de façon constructive, les intervenant-e-s et participant-e-s sont d’abord interpelés par rapport à un événement marquant - et fondateur pour eux – du temps de leurs études universitaires. Si les événements racontés provoquent un nouvel élan pour s’intéresser davantage à la recherche théologique, cela ne laissera plus de place à la résignation! Peut-être pourrons-nous aussi découvrir pourquoi l’envie de cette recherche a pu se perdre. La raison en est-elle une fatigue assez généralisée de la foi ou une incapacité à argumenter logiquement quand il est question de notre vie?
Apprendre le débat théologique
Il peut être utile de rappeler ici la notion de «rabies theologorum». Evidemment, la rage des querelles confessionnelles souvent brutales lors de la Réforme et par la suite ne peut que choquer. Cependant, la situation actuelle de consensus œcuménique sans profil ni teneur, les contraintes de réparations et de culpabilité (Anabaptistes), la «political correctness», la cancel culture etc. ne permettent apparemment plus une discussion honnête, même contradictoire. Or, pour oser un tel débat, il faut des connaissances, non seulement actuelles, mais aussi historiques.
Comprendre la sainte Cène
La compréhension de la sainte Cène fait précisément partie de ce qui a été souvent débattu entre chrétiens. Bien comprise, la sainte Cène est la fête de la réconciliation entre Dieu et l’être humain et les êtres humains entre eux.
Si nous commençons nos Assises avec une prédication et la célébration de la Cène, c’est parce que nous les comprenons comme un signe d’espérance: Que le débat théologique nous aide à mieux nous comprendre réciproquement, au profit aussi de la paix dans l’Eglise et dans le monde!