Perspectives et encouragement

IP-3-2023-JEB (Foto: Mark Haltmeier)

Dans un nouveau livre sur l’avenir de l’Eglise [1] Uta Pohl-Patalong, professeure de théologie pratique à Kiel consacre tout un chapitre à l’avenir de la profession pastorale. Son regard porte sur une grande liberté dans l’exercice de cette profession, les nécessaires collaborations, des goûts et des talents très divers exercés dans des contextes paroissiaux et autres très différents.
JEB
Uta Pohl-Patalongs clôt son analyse par une lettre très consolante de Bernard de Clairvaux à son élève le Pape Eugène III. Voyons tout d’abord quelques éléments de son analyse.

Analyse
Après de très bonnes années où les impôts ecclésiastiques ont permis de couvrir sans problème les salaires des pasteur-e-s a émergé une double crise. La diminution du nombre des paroissiens (et des revenus fiscaux), mais aussi une réduction des postes pastoraux et du nombre de leurs titulaires potentiels. D’où la question inévitable des priorités à poser. A quoi ne peut-on en aucun cas renoncer?
Basée sur les convictions personnelles, la profession pastorale suppose un grand engagement personnel qui peut même excéder les propres forces.
Pour quoi les pasteur-e-s doivent-ils être là? C’est un peu le grand écart entre toute la société et le noyau communautaire, et les pasteur-e-s doivent de plus en plus se justifier et rendre « plausible » leur profession.
Si la liberté dans cette profession est très grande, les tâches elles aussi ne connaissent pas de fin. D’où les nécessaires questions du profil et des limites à se donner. De quelles tâches se décharger, quels arrangements trouver avec les collègues ou le conseil de paroisse?
Le chapitre se termine par la lettre au Pape Eugène III annoncée plus haut.

La lettre
Comment peux-tu être vraiment présent pour les autres si tu t’es perdu toi-même? Si tu passes toute ta vie en activités et si tu ne te crées plus d’espace pour le silence, je ne te soutiens pas. Commence à te découvrir, pour que tu ne t’oublies pas en allant vers les autres. A quoi te sert-il de gagner le monde entier si tu t’y perds? (…) A quoi cela te sert-il de gagner le cœur des humains en t’y perdant? Si toutes et tous ont le droit d’avoir une part de toi, sois alors aussi un homme qui a le droit de t’avoir. Pourquoi serais-tu le seul qui n’ait rien de toi-même? Tout le monde puise dans ton cœur comme si tu étais une fontaine publique et toi, tu restes assoiffé à côté. Laisse ton eau couler tranquillement à travers les places de Rome, mais avec tout le monde, bois aussi de l’eau de ta source. N’es-tu pas étranger à tous si tu restes étranger envers toi-même? Oui, celui qui est mal avec lui-même, avec qui peut-il être bon? N’oublie pas: offre-toi à toi-même! Je ne dis pas: fais-le toujours, mais je dis: fais-le de temps à autre. Sois comme pour tous les autres: présent pour toi aussi.

Bernard de Clairvaux: De Consideratione, lib.1, cap.5, no6

[1] Uta Pohl-Patalong «Kirche Gestalten, wie die Zukunft gelingen kann» (Gütersloh 2021)
Bereitgestellt: 01.09.2023    
 
aktualisiert mit kirchenweb.ch