Karlsruhe 2022: une Eglise mondiale
Une rencontre multicolore, polymorphe et intense: le 6 septembre, après la prière du soir tenue dans la tradition orthodoxe orientale, une foule se pressait pour prendre en photo les nombreux représentants (et quelques rares représentantes) de ces Eglises, tout de noir vêtus.
Christoph Knoch
Une rencontre multicolore, polymorphe et intense: le 6 septembre, après la prière du soir tenue dans la tradition orthodoxe orientale, une foule se pressait pour prendre en photo les nombreux représentants (et quelques rares représentantes) de ces Eglises, tout de noir vêtus.
Si l’on reconnaît aisément les Arméniens à leurs capuchons pointus, qui saura distinguer à leurs couvre-chefs les religieux éthiopiens orthodoxes des prêtres coptes ou de ceux de l’Eglise de Mar Thoma? Comment se différencient-ils? D’où viennent-ils? Où pratiquent-ils?
Klaus Koschorke, historien de l’Eglise et professeur émérite de l’université de Munich, installé à Thoune, a récemment publié un ouvrage (Grundzüge der Aussereuropäischen Christentumsgeschichte. Asien, Afrika und Lateinamerika 1450–2000, uniquement disponible en allemand) qui met en lumière différents conflits ecclésiastiques et leur évolution depuis que la Réforme a bouleversé l’Europe. Notre vision se limite à ce que nous connaissons: les catholiques romains, les catholiques chrétiens, les réformés et les représentants des Eglises libres. Gageons que depuis Karlsruhe 2022, nous connaissons en outre les chrétiens orthodoxes grecs, russes, serbes et roumains. Nombre d’entre nous, toutefois, connaissent mal l’origine et l’évolution de ces Eglises.
Jésus-Christ est la réponse
C’est le message que le lecteur découvre sur la photo de couverture, prise par l’auteur en 1997 à Kintampo (Ghana). Si le livre ne cherche pas à tenir cette promesse, l’illustration circonscrit tout de même son contenu, puisqu’il traite en premier lieu des initiatives et des activités des chrétiens locaux. Les nombreuses illustrations situent clairement dans le temps et l’espace chaque texte de ce recueil, soigneusement composé. Dans le livre, les illustrations ne figurent «que» en noir et blanc. Pour cet ancien professeur, photographe et observateur avisé du genre humain, il importe d’enrichir les textes issus d’archives et de bibliothèques par une riche iconographie, de préférence en couleur. L’annexe numérique (sous licence Creative Commons ) associe d’ailleurs le livre à nombre d’illustrations. Les photos de l’auteur – plus surprenantes les unes que les autres – peuvent être librement utilisées à fins d’enseignement. Les précisions quant à l’utilisation ainsi que le code QR se trouvent en dernière page de la préface. À partir de 2027, les illustrations seront aussi téléchargeables depuis le serveur Open Data LMU de l’université de Munich.
Des chrétiens et des épices
D’entrée, le livre se réfère à Vasco de Gama: «En lieu et place d’une introduction: ‹Des chrétiens et des épices› – ou: La multiplicité des centres régionaux dans l’histoire du christianisme». Koschorke démontre à quel point nous nous limitons en adoptant une approche eurocentrée de l’histoire de l’Eglise et du christianisme. S’intéresser à la nouvelle perspective tracée par l’œcuménisme et à «l’histoire alternative des missions», notamment en ce qui touche la Corée, l’Ethiopie et d’autres parties du monde, ne pourra qu’élargir l’horizon du lecteur.
Un premier recueil de textes sur l’histoire du christianisme en dehors d’Europe a paru en 2004 (Koschorke; Ludwig; Delgado). Le nouvel ouvrage dont nous parlons dans ces lignes approfondit le sujet, offrant au lecteur les grandes lignes qui, de façon aussi concise que précise, permettent d’apprendre à connaître l’histoire des Eglises de l’hémisphère sud. La structure de l’ouvrage montre bien l’approche d’historien de l’Eglise adoptée par Koschorke: d’une part, il souligne la synchronie des liens entre l’Afrique, l’Asie, l’Europe et l’Amérique latine, pour, d’autre part, offrir un aperçu diachronique de l’Eglise aujourd’hui.
«Tout vient à point à qui sait attendre»
Cette formule résume bien cet ouvrage aussi passionnant qu’utile. Ce sont les connaissances issues de plus de 40 ans de recherches et 50 ans de voyages dans des pays non européens que l’auteur condense entre deux couvertures brochées, malheureusement peu solides. Si une lecture régulière aura tendance à malmener la reliure du livre, soyez assurés que son contenu gardera toute son importance pour les décennies à venir: voilà un ouvrage de référence qui convainc par sa richesse et par sa structure.
Son mode d’emploi est des plus simples: «ouvre et lis» ou plutôt «ouvre et feuillette, lis ce passage, puis tel autre». Ce livre ne ravira pas que les spécialistes: chacun trouvera du plaisir à se plonger dans d’autres époques, dans d’autres mondes.
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» Table des matières
Klaus Koschorke, Grundzüge der Aussereuropäischen Christentumsgeschichte. Asien, Afrika und Lateinamerika 1450–2000. 2022. XX, 361 pages.
ISBN 978-3-8252-5934-1
29.00 € / 44.90 CHF
Si l’on reconnaît aisément les Arméniens à leurs capuchons pointus, qui saura distinguer à leurs couvre-chefs les religieux éthiopiens orthodoxes des prêtres coptes ou de ceux de l’Eglise de Mar Thoma? Comment se différencient-ils? D’où viennent-ils? Où pratiquent-ils?
Klaus Koschorke, historien de l’Eglise et professeur émérite de l’université de Munich, installé à Thoune, a récemment publié un ouvrage (Grundzüge der Aussereuropäischen Christentumsgeschichte. Asien, Afrika und Lateinamerika 1450–2000, uniquement disponible en allemand) qui met en lumière différents conflits ecclésiastiques et leur évolution depuis que la Réforme a bouleversé l’Europe. Notre vision se limite à ce que nous connaissons: les catholiques romains, les catholiques chrétiens, les réformés et les représentants des Eglises libres. Gageons que depuis Karlsruhe 2022, nous connaissons en outre les chrétiens orthodoxes grecs, russes, serbes et roumains. Nombre d’entre nous, toutefois, connaissent mal l’origine et l’évolution de ces Eglises.
Jésus-Christ est la réponse
C’est le message que le lecteur découvre sur la photo de couverture, prise par l’auteur en 1997 à Kintampo (Ghana). Si le livre ne cherche pas à tenir cette promesse, l’illustration circonscrit tout de même son contenu, puisqu’il traite en premier lieu des initiatives et des activités des chrétiens locaux. Les nombreuses illustrations situent clairement dans le temps et l’espace chaque texte de ce recueil, soigneusement composé. Dans le livre, les illustrations ne figurent «que» en noir et blanc. Pour cet ancien professeur, photographe et observateur avisé du genre humain, il importe d’enrichir les textes issus d’archives et de bibliothèques par une riche iconographie, de préférence en couleur. L’annexe numérique (sous licence Creative Commons ) associe d’ailleurs le livre à nombre d’illustrations. Les photos de l’auteur – plus surprenantes les unes que les autres – peuvent être librement utilisées à fins d’enseignement. Les précisions quant à l’utilisation ainsi que le code QR se trouvent en dernière page de la préface. À partir de 2027, les illustrations seront aussi téléchargeables depuis le serveur Open Data LMU de l’université de Munich.
Des chrétiens et des épices
D’entrée, le livre se réfère à Vasco de Gama: «En lieu et place d’une introduction: ‹Des chrétiens et des épices› – ou: La multiplicité des centres régionaux dans l’histoire du christianisme». Koschorke démontre à quel point nous nous limitons en adoptant une approche eurocentrée de l’histoire de l’Eglise et du christianisme. S’intéresser à la nouvelle perspective tracée par l’œcuménisme et à «l’histoire alternative des missions», notamment en ce qui touche la Corée, l’Ethiopie et d’autres parties du monde, ne pourra qu’élargir l’horizon du lecteur.
Un premier recueil de textes sur l’histoire du christianisme en dehors d’Europe a paru en 2004 (Koschorke; Ludwig; Delgado). Le nouvel ouvrage dont nous parlons dans ces lignes approfondit le sujet, offrant au lecteur les grandes lignes qui, de façon aussi concise que précise, permettent d’apprendre à connaître l’histoire des Eglises de l’hémisphère sud. La structure de l’ouvrage montre bien l’approche d’historien de l’Eglise adoptée par Koschorke: d’une part, il souligne la synchronie des liens entre l’Afrique, l’Asie, l’Europe et l’Amérique latine, pour, d’autre part, offrir un aperçu diachronique de l’Eglise aujourd’hui.
«Tout vient à point à qui sait attendre»
Cette formule résume bien cet ouvrage aussi passionnant qu’utile. Ce sont les connaissances issues de plus de 40 ans de recherches et 50 ans de voyages dans des pays non européens que l’auteur condense entre deux couvertures brochées, malheureusement peu solides. Si une lecture régulière aura tendance à malmener la reliure du livre, soyez assurés que son contenu gardera toute son importance pour les décennies à venir: voilà un ouvrage de référence qui convainc par sa richesse et par sa structure.
Son mode d’emploi est des plus simples: «ouvre et lis» ou plutôt «ouvre et feuillette, lis ce passage, puis tel autre». Ce livre ne ravira pas que les spécialistes: chacun trouvera du plaisir à se plonger dans d’autres époques, dans d’autres mondes.
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» Table des matières
Klaus Koschorke, Grundzüge der Aussereuropäischen Christentumsgeschichte. Asien, Afrika und Lateinamerika 1450–2000. 2022. XX, 361 pages.
ISBN 978-3-8252-5934-1
29.00 € / 44.90 CHF
Bereitgestellt: 10.03.2023